Mauvais karma

- Hijo de p*ta!! Bastardo!! hurlai-je avec autant de classe et de féminité qu’un ivrogne après un verre de trop.

Le videur me poussa dehors sans aucun ménagement et j’allai rencontrer le mur d’en face. La porte du bar se referma en claquant. Je me redressait en m’appuyant sur le mur, marmonnant quelques insultes de plus à l’encontre du type qui m’avait fait viré. Je n’étais pas du genre à chercher les ennuis mais quand ce gros lourd avait posé ses sales pattes sur mon postérieur je n’avais pas pu m’empêcher de lui démolir le nez.

Je donnai un coup de pied dans une poubelle, histoire de me défouler, et elle roula plus loin dans un grand bruit de ferraille, délogeant un chat de gouttière au passage. Le félin me lança un regard mauvais et cracha dans ma direction.

- Quoi? Vous avez tous décidé de me taper sur les nerfs cette nuit?!

Je lâchai un grognement de loup et l’animal fila sans demander son reste. Je resserrai sur moi les pans de ma veste, jetai un dernier regard énervé vers le bar et repartis en direction de chez moi. Les rues étaient quasiment vides, seulement éclairées par les lampadaires et les fenêtres allumées dans les immeubles. Pour aller plus vite, je décidai de couper par une ruelle perpendiculaire qui empestait les ordures. Je n’avais pas fais trois mètres qu’un grand barbare me tomba dessus et me plaqua contre un mur. C’était vraiment pas ma journée! Un problème de karma j’imagine.

- Ne bouge pas, ça ne fera presque pas mal, lança-t-il en sortant ses crocs.
- Estupido! Tu vois pas que je suis un loup?

Le vampire se figea, cligna plusieurs fois des paupières et lâcha un juron. Un nouveau-né sans doute.
Il me frappa violemment à l’estomac puis me faucha les jambes. J’encaissai sans broncher et tombai au sol.

Je courrais à perdre haleine dans les rues sombres de la ville, sans vraiment savoir où tout cela me mènerait. Cela faisait trois nuits que je le traquais, pour connaitre ses habitudes et les endroits qu'il fréquentait. Sauf que ce soir, il m'avait repéré et il avait fui. Obligé de le suivre.

C'est un vampire des plus dangereux, un nouveau-né, comme on dit. Ils sont assoiffés de sang et ne savent pas retenir leurs pulsions sanguinaires. Je devais à tous prix le suivre et le tuer, avant qu'il ne s'en prenne à quelqu'un.

J'arrivais devant un croisement. Droite...ou gauche? Un mouvement furtif attira mon attention. Ce sera donc gauche. Ma course poursuite continue et je comprends vite que l'homme se dirige vers le centre ville. Là-bas, il pourra se fondre dans la masse, ou trouver des alliés...ou pire, tuer, à sa guise. Je le vis tourner dans une ruelle et ralentis pour souffler. Il venait de rentrer dans un cul de sac. J'avançais, préparant ma guitare pour le potentiel combat qui pourrait avoir lieu entre lui et moi.

Des bruits me parvinrent, des éclats de voix, puis le bruit de quelque chose qui tombe au sol. Quelque chose, ou quelqu'un... pensais-je. Je me précipitais. En effet quelqu'un était au sol, une femme. L'homme me fixa, pris de panique, puis résigné il me fit face.

- T'en as pas marre de courir Dracula? T'aurais mieux fait de rester dans ton château sérieux, ça nous aurait évité des ennuis à tous les deux, dis-je en souriant.

Il se jeta sur moi et m'envoya son poing en pleine poire. Pendant ce temps, je lui enfonçais un couteau dans le ventre.

Le vampire se désintéressa soudain de moi.

- T'en as pas marre de courir Dracula? T'aurais mieux fait de rester dans ton château sérieux, ça nous aurait évité des ennuis à tous les deux!

Ouh la attention! Là, il y a de la vanne, ça rigole plus! Je bondis sur mes jambes pour découvrir qui affrontait le nouveau-né. Comme je m’y attendais, c’était un chasseur, plutôt jeune d’ailleurs. Les chasseurs n’étaient pas du genre à rigoler avec les affaires de vampires. Ils agissaient vite et bien, prenaient le moins de risques possibles et terminaient leur affaire en un temps record. Dommage, ce n’était pas ce soir que je pourrais m’amuser un peu. Journée de chien, vraiment.

Le chasseur planta un couteau dans le ventre du vampire. Ce dernier le repoussa sans ménagement.

- Si tu veux vraiment faire ça vite, autant faire ça bien! m’indignai-je, prise d’un coup de sang soudain.

J’attrapai le nouveau-né par l’arrière de son t-shirt et le plaquai violement contre le mur le plus proche. Utilisant ma force de loup, je le saisis par les cheveux et lui fracassai le crâne contre le mur. Le monstre poussa un cri de douleur et se plia en deux, la main sur le front. Du sang coulait entre ses doigts. Vu la violence du choc, la plaie ne devait pas être belle à voir.

-Si tu veux vraiment faire ça vite, autant faire ça bien! grogna la jeune femme, visiblement excédée.

Lorsqu'elle lui défonça le crâne contre le mur, je compris que ce n'était surement pas une simple humaine. Louve peut-être? Ou alors chasseuse, mais en tout cas elle en avait après ce vampire. Je haussais les épaules et fut pris d'un petit rire nerveux.

-Eh relax! lançais-je en souriant. Il va pas aller loin, il est pas assez dégourdi. Alors autant s'amuser, sinon je rend le tablier, dis-je en faisant craquer mes phalanges.

Je fixais le vampire tout en avançant doucement vers lui. Je fis basculer ma guitare devant moi et grattais trois notes en sifflotant. L'autre se jeta sur moi mais je l'esquivais et en profitais pour le frapper à la nuque. Une fois au sol, je le relevais. Il avait la tête en sang. Je grimaçais.

-T'avais déjà une sale gueule, mais alors là, elle t'as pas arrangé mon pauvre.

Il grogna et tenta de se dégager. Je stoppais son poing en secouant la tête. J'en profitais pour sortir un pieu du bas de ma guitare.

-Eh, c'est pas à moi que tu dois t'en prendre, t'avais cas te tenir tranquille. Maintenant, crève.

Je lui lançais un regard noir et lui plantais le pieu dans le coeur. Il se volatilisa. Je me frottais les mains et lançais un regard en direction de la jeune femme. Je ne me suis même pas amusé, pensais-je. Tant pis, ce sera pour la prochaine fois. Je lui adressais un signe de tête.

-Encore désolé pour la pagaille que ce crétin à déclenché mais.... j'aimerais bien savoir pourquoi il s'en est pris à vous, sans être impoli. Dis-je en haussant un sourcil.

Mon ton était quelque peu accusateur mais je ne pouvais pas m'empêcher de penser que si je n'étais pas tombé sur cette femme, ma traque aurait été beaucoup plus savoureuse.